L’arrêt rendu dans l’affaire Lassana Diarra menace de bouleverser en profondeur le football européen. Jusqu’ici, les clubs pouvaient exiger des millions pour céder un joueur. Désormais, grâce à ce jugement, les footballeurs pourraient rompre plus facilement leur contrat en ne payant qu’une indemnité limitée et proportionnelle. Un véritable séisme pour la Jupiler Pro League, dont l’économie repose sur les transferts sortants.
L’affaire remonte à 2013, lorsque le Sporting Charleroi voulait recruter Lassana Diarra. Mais un conflit juridique avec Lokomotiv Moscou, qui réclamait 10,5 millions d’euros, avait fait capoter le transfert. Le Français a contesté jusqu’à la Cour européenne, soutenu par Jean-Louis Dupont, l’avocat de l’arrêt Bosman. Leur argument : les footballeurs doivent avoir les mêmes droits que les autres travailleurs européens, libres de changer d’employeur sans entrave.
65 millions
En octobre 2024, la Cour a donné raison à Diarra. La FIFA a dû adapter son règlement, mais les critiques persistent : l’indemnité exigée en cas de rupture doit désormais être réaliste et basée sur des critères objectifs (âge, durée du contrat, sélections), et non plus sur des sommes arbitraires. Diarra réclame même 65 millions d’euros à la FIFA et à l’Union belge, estimant que ces règles ont coûté 8 % de salaire en moyenne à 100.000 joueurs depuis 2002.
Si cette jurisprudence s’impose, les clubs ne pourront plus exiger des dizaines de millions pour retenir leurs talents. Un joueur pourrait partir contre une compensation bien moindre. Les experts parlent déjà d’un « Bosman 2.0 », qui transférerait le pouvoir des clubs vers les joueurs et les grandes ligues. Pour la Belgique, comme pour les championnats « tremplins » (Pays-Bas, Portugal), ce serait un scénario catastrophique : les revenus issus des transferts s’effondreraient et le modèle économique actuel volerait en éclats.
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