La soirée de Maxim De Cuyper à Old Trafford restera comme l’un de ces matchs qui changent le regard d’un public. Titulaire pour la première fois depuis le 13 septembre, le jeune Belge pensait enfin retrouver sa place naturelle au poste d’arrière gauche avec Brighton. Mais face à Manchester United, rien ne s’est déroulé comme prévu : une action litigieuse avec Amad Diallo, une intervention controversée de la VAR et un remplacement dès la 59e minute. En l’espace d’une heure, la confiance durement acquise a semblé vaciller.
L’épisode du penalty refusé a donné le ton d’une soirée sous tension. À la 15e minute, Diallo s’effondre après un contact avec De Cuyper. Old Trafford réclame, Anthony Taylor laisse jouer, et la VAR, dirigée par Michael Oliver, confirme : pas de faute, le Belge ayant touché le ballon en premier. Mais l’incident a laissé des traces. Certains analystes ont parlé d’un « cas limite », soulignant la fébrilité de Brighton dans les couloirs. Et lorsque De Cuyper a été remplacé, les critiques ont commencé à fuser. Pourtant, la réalité tactique raconte une tout autre histoire.
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Un changement tactique, pas une sanctionLe choix de Fabian Hürzeler n’était pas une punition, mais une opération structurelle. Confronté aux montées incessantes des ailiers de United, l’entraîneur allemand a réagi avec une triple modification à l’heure de jeu : James Milner pour stabiliser le jeu, Tom Watson pour apporter de la profondeur à gauche, et Diego Gómez pour réorganiser le milieu. Dans cette logique, De Cuyper, Baleba et Ayari ont été sacrifiés pour redonner de la cohérence à l’ensemble.
« Trop d’erreurs faciles », a résumé Hürzeler après la rencontre, sans désigner personne. Une manière d’assumer une refonte tactique sans cibler un joueur en particulier. Le positionnement des nouveaux entrants, contrôle, volume de course et créativité, illustrait parfaitement cette idée : il ne s’agissait pas d’un désaveu individuel, mais d’un rééquilibrage collectif.
Le plan initial, lui, était clair : Kadıoğlu, habituel arrière gauche, devait évoluer plus haut, laissant à De Cuyper la responsabilité défensive du flanc. Ce duo devait apporter à Brighton plus de mobilité et de densité sur les ailes. Mais face à United, cette formule a vite été exploitée par les Red Devils, qui ont pris d’assaut les espaces derrière les latéraux. Dès lors, la réorganisation de Hürzeler relevait de la nécessité plus que de la sanction.
De la promesse à la réalité de la Premier League
Pour De Cuyper, cette rencontre marque un retour brutal à la réalité anglaise. Après des apparitions prometteuses en tant que remplaçant contre Chelsea, Wolverhampton et Newcastle, le Belge s’était imposé comme un élément à fort potentiel. Son but et sa passe décisive à Molineux avaient même conforté l’idée d’une montée en puissance progressive. À Old Trafford, il découvrait enfin la pleine confiance de son entraîneur.
Mais l’intensité du match, combinée à la pression d’un stade en fusion, a rendu la tâche quasi impossible. De Cuyper a souffert, notamment dans les transitions rapides et les duels en un contre un. Son remplaçant, Watson, a davantage contenu les débordements de son adversaire, sans pour autant inverser la tendance du match (2-0). Pour le jeune Belge, ce n’est pas une humiliation, mais une leçon tactique typique de la Premier League : chaque erreur, chaque hésitation se paie au prix fort.
Il serait erroné de conclure que cette soirée marque un tournant négatif pour De Cuyper. Le club continue de croire en son potentiel. Recruté cet été pour stabiliser le flanc gauche, il incarne le profil recherché par Brighton : jeune, intelligent dans le jeu, discipliné et capable de s’adapter aux schémas exigeants de Hürzeler. Le technicien allemand n’a jamais remis en cause sa progression, et ses décisions s’inscrivent dans une logique d’ajustement face à l’adversaire, non dans une remise en cause de la hiérarchie.
De Cuyper sait rebondir
L’organisation du club, fondée sur la rotation et l’analyse, ne se laisse pas guider par les émotions d’un soir. De Cuyper a déjà montré qu’il savait rebondir. À 24 ans, il dispose encore d’une large marge de progression et d’une lecture du jeu qui correspond parfaitement aux ambitions de Brighton. Le staff technique estime d’ailleurs qu’il représente à long terme la meilleure option à gauche, capable de défendre comme de relancer proprement.
À Brighton, la philosophie est claire : l’échec fait partie du processus. De Cuyper, encore en phase d’adaptation, apprend à se confronter à des adversaires d’un calibre supérieur. L’épisode d’Old Trafford ne change rien à cette trajectoire. Il aura surtout révélé sa capacité à résister à la pression, à rester concentré malgré les événements.
Il y a quelques semaines, Hürzeler confiait : « Maxim a la mentalité parfaite pour s’imposer ici. Il apprend vite, il veut toujours faire mieux. » Ce genre de déclaration en dit long sur la confiance maintenue à son égard. Les erreurs font partie du parcours, surtout dans un championnat où chaque match ressemble à un test grandeur nature.
De Cuyper, toujours dans le plan
Au final, ce match à Manchester n’était ni un triomphe ni un naufrage. C’était une étape d’apprentissage, un passage obligé pour un joueur en construction. De Cuyper reste un maillon essentiel du système Hürzeler, qui compte sur lui pour l’équilibre du flanc gauche.
La saison est encore longue, et Brighton aura besoin de toutes ses forces. Si Old Trafford a rappelé la dureté du football anglais, il a aussi montré que De Cuyper n’a rien perdu de la confiance de son entraîneur. Pour lui, la route vers la stabilité passe par la persévérance.
Ce soir-là, il n’a pas vécu une défaite personnelle, mais une leçon de Premier League, celle qui forge les joueurs capables, un jour, de briller à leur tour sur la pelouse d’Old Trafford.
Salomon AGADA