Demandez à ceux qui ont travaillé avec lui et vous ressentirez immédiatement la division. Alors que les critiques s’accumulent, Vincent Mannaert dort sur ses deux oreilles : il sait que les clubs de haut niveau et les fédérations continuent de se l’arracher. Dans un monde du football où presque tout le monde est remplaçable, il semble être l’exception rare à la règle.
Dans le football belge, on n’est presque jamais exclu pour toujours. On disparaît un temps, puis quelques mois plus tard, le même nom réapparaît, ailleurs, à un autre niveau, avec un nouveau titre sur sa carte de visite. Mannaert en est probablement l’exemple le plus clair : de Club Bruges à la fédération belge, et partout le même schéma se répète.
À Bruges, il fut l’architecte des succès : titres, Ligue des champions, grosses transferts… qui regardait les résultats devait reconnaître son impact. En interne, cependant, des histoires sur son comportement, la pression qu’il exerçait et ses colères circulaient depuis longtemps.
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Accord avec la justiceLors de l’affaire Mains Propres et le dossier sur l’agent Dejan Veljkovic, les tensions ont été palpables. Mannaert a conclu un accord avec la justice, évitant la prison, et est revenu dans la direction quotidienne. Plus tard, il évoqua publiquement son problème d’alcool, un acte humain et courageux, mais révélateur que tout n’était pas qu’une question de « travail acharné ».
À son départ du Club, l’extérieur resta calme, mais en interne, l’ambiance fut souvent décrite comme malsaine. Dans beaucoup d’autres secteurs, une personne avec un tel passé serait mise de côté temporairement. Dans le football belge, celui qui produit des résultats et connaît les bonnes personnes obtient presque toujours une seconde chance.
Quelques mois plus tard, Mannaert rejoint Tubize, d’abord pressenti comme CEO, puis comme directeur sportif. La fédération savait exactement qui elle accueillait : un personnage brillant mais avec un mode d’emploi précis.
Pas de clause sur l'alcool
Selon HUMO, une clause sur l’alcool fut envisagée mais supprimée. Le message est clair : les risques étaient connus, mais les intérêts étaient trop importants pour dire « non ».
Ensuite, le schéma se répète : le système utilise au maximum ses qualités sans gérer ses zones d’ombre. Tant que les chiffres sont bons, les problèmes internes sont rationalisés. Tant qu’il signe des contrats et communique bien, les histoires des employés importent peu… jusqu’à ce que cela dérape.
La vraie question n’est pas de savoir si Mannaert retrouvera un poste clé après le Mondial 2026, mais si la fédération et le football belge oseront un jour chercher un autre type de leader : quelqu’un qui apporte des résultats et un mode de fonctionnement qui renforce l’organisation.
Aujourd’hui Tubize, hier Bruges, demain peut-être ailleurs. Les noms changent, le schéma reste.