Écarté sans ménagement par le RSCA, Ilay Camara est aujourd’hui dans le viseur du club bruxellois. Pourtant, ce retour a un goût amer pour certains observateurs. Comment expliquer qu’Anderlecht doive aujourd’hui envisager de débourser plusieurs millions pour un joueur qu’il a formé ?
Ilay Camara, révélé au RSCA Futures en D1B, n’avait pas convaincu la direction anderlechtoise à l’époque. Malgré des prestations solides, le joueur ne franchit jamais le cap vers l’équipe première.
« J'étais sur le banc ou même pas sélectionné. Parfois pour des raisons extra-sportives, je pense », expliquait récemment Camara, évoquant des préjugés liés à son apparence : « Avec mes boucles d’oreilles et mon tatouage, certains pensaient que je n’étais pas sérieux. »
Progression fulgurante à Sclessin
Après un passage remarqué au RWDM, Camara est prêté au Standard avec option d’achat. Là, sa progression est fulgurante. Il devient un titulaire indiscutable, séduit Ivan Leko et s’impose même en sélection sénégalaise.
« C'est un garçon talentueux car il est imprévisible », disait son coach. Hein Vanhaezebrouck le décrivait comme le joueur « le plus brillant du Standard ». Une ascension qui confirme ce que Guillaume Gillet, son ancien entraîneur en 1B, avait pressenti : « C’est un footballeur travailleur. »
Le Standard, en difficulté financière, a pourtant levé son option d’achat de 1,8 million d’euros, payable en quatre tranches. Mais ce geste s’inscrit dans une logique de revente rapide. Les Rouches espèrent tripler la mise pour combler une partie des 14 millions d’euros à engranger cet été.
Plus de 4 millions pour un joueur gratuit
C’est là qu’Anderlecht réapparaît, prêt à verser plus de 4 millions pour récupérer un joueur qu’il a laissé filer gratuitement. « Il serait étrange de payer autant pour un joueur que l’on a formé et laissé partir », note Jürgen Geril (Het Nieuwsblad).
Pourtant, les qualités de Camara répondent à des besoins précis : puissance, vitesse, volume, polyvalence. Arrière gauche de formation, il peut aussi évoluer ailier ou latéral droit.
Camara coche toutes les cases du joueur moderne. Claudio Caçapa (RWDM) vantait déjà « son abattage offensif et défensif ». Frédéric Vanderbiest (Malines) l’a qualifié de « l’un des latéraux les plus rapides du championnat ». Et Paul-José Mpoku soulignait : « Il provoque, il tente, il a cette étincelle. »
Si Anderlecht concrétise son retour, ce sera plus qu’un transfert : une revanche symbolique, pour un joueur autrefois marginalisé et aujourd’hui courtisé. Une histoire de talent, de résilience… et de mémoire.
Salomon AGADA