Luc Nilis, ancien attaquant vedette d’Anderlecht et du PSV Eindhoven, a connu les plus grandes joies du football européen avant de sombrer dans l’un des pièges les plus destructeurs : l’addiction au jeu. Aujourd’hui âgé de 58 ans, il raconte dans Het Laatste Nieuws le combat de sa vie, celui qui l’a mené à la rédemption.
Sa carrière de footballeur s’est brutalement arrêtée en 2001. Pour Nilis, ce choc a ouvert une longue descente aux enfers. “Le soi-disant trou noir a été, dans mon cas, très noir. Pendant quinze ans, j’ai vécu sous adrénaline, des entraînements, des matchs et du public. Quand tout cela a soudainement disparu, j’ai cherché cette montée ailleurs. Et je pensais l’avoir trouvée dans le jeu.”
Ce qui n’était qu’un passe-temps est vite devenu une obsession. “Soudain, je me retrouvais à jouer au poker dans des salles sombres derrière des cafés. C’était un piège dans lequel je suis tombé profondément.”
LIRE AUSSI: MERCATO Benteke victime d'une fake news
Le déclic : son fils ArneC’est son fils, Arne, lui-même passé par une addiction similaire, qui a provoqué le déclic. “Arne m’a dit : ‘Papa, il est trop tard pour attendre, il faut agir maintenant.’ Je venais de réserver un vol pour l’Australie, pour fuir tout ça. Arne m’a retenu et a organisé, via un contact, une admission en Afrique du Sud. J’avais honte, mais je savais que c’était nécessaire.”
Luc Nilis est alors admis dans une clinique de désintoxication en Afrique du Sud, une expérience qu’il décrit comme un choc salvateur : “La clinique de désintoxication en Afrique du Sud, c’était comme une prison. Mais elle m’a rendu ma part d’humanité.”
“Je me suis endormi en pleurant chaque soir”
Les débuts ont été terriblement éprouvants. “On t’enlève ton argent, ton téléphone aussi. Tu es complètement coupé du monde extérieur. Dans ce silence, tu commences à réfléchir. Tu entends les histoires d’autres dépendants et tu réalises soudain : ‘Oups, moi aussi je fais ça. Peut-être que j’ai vraiment un problème.’”
Les dix premiers jours ont été un enfer : “Je me suis endormi en pleurant chaque soir. Mais peu à peu, sont venus la prise de conscience, la culpabilité, et l’envie de retrouver les vraies valeurs. Quand je suis sorti, j’avais l’impression d’avoir été réinitialisé.”
Six ans de sobriété et un message d’espoir
Sobre depuis six ans, Nilis se tient désormais à distance de toute tentation. “Je ne participe plus à aucune forme de pari, même pour rire. Aucune prédiction sur les matchs, aucun petit jeu d’argent. Une seule étape suffit pour rechuter. Un ancien alcoolique ne boit plus non plus de bière.”
Son fils Arne, clean depuis dix ans, a fondé Beyond The Bet, une initiative pour aider les personnes dépendantes. Pour Luc Nilis, c’est peut-être là “la plus grande victoire de sa carrière” : celle d’avoir retrouvé la paix, loin des projecteurs, mais riche d’une renaissance personnelle.
Salomon AGADA