Plusieurs perquisitions ont eu lieu ce mercredi à Mouscron. Une enquête qui vise notamment l'agent Pini Zahavi.
Hasard ou pas, c'est justement ce jeudi que sort le livre "Mano Negra", écrit par le journaliste français Romain Molina. Un ouvrage qui traite des agents tout puissants qui dirigent le monde du football mais s'arrête aussi sur le cas de Mouscron et de Zahavi. Romain Molina a répondu aux questions de la RTBF.
"La nouvelle liée à Mouscron ne m'étonne absolument pas", explique-t-il. "Je pense que les employés du club ne le sont pas non plus. Le club est effectivement aux mains des agents depuis un rachat lorsque Mouscron était contrôlé par Lille. Le club a été ensuite revendu à des sociétés maltaises qui appartenaient à deux agents de football, en l'occurrence Pini Zahavi et Fali Ramadani. Ils ont essayé de dissimuler cela car un agent ne peut détenir un club, que ce soit en Belgique ou ailleurs. Ils ont dissimulé cela en redonnant le club, pour dix euros, au neveu de Pini Zahavi, puis ont revendu le club à l'actuel propriétaire Pairoj Piempongsant, qui est une connaissance de Zahavi dans le milieu des affaires depuis quinze ans", poursuit Romain Molina.
"Pourquoi se sont-ils tournés vers Mouscron ? Je pense que la Belgique offre une grande discrétion. Tout y était plus ou moins possible, un pays assez intéressant où il n'y a pas beaucoup d'investissements à faire. Les clubs doivent rembourser des dettes et acceptent tous les capitaux. On voit donc énormément d'investisseurs étrangers dans votre pays. Dans le cas de Mouscron, c'est un hall de gare dans lequel ils peuvent mettre des agents, et donc des joueurs. Le jour où ces agents auront un gros joueur dans leur portefeuille : vers qui vont-ils se tourner ? Vers ces personnes avec qui ils sont en contact. Clairement, les instances belges ferment les yeux depuis plusieurs années. La Belgique est un beau pays de foot, mais ils ont laissé faire ces gens-là. Il ne faut pas être étonnés de ce qui se passe. On pensait qu'on avait retenu les leçons suite à l'épisode de La Louvière il y a quelques années par exemple, mais apparemment non. Portugal, Chypre, Grèce, Lettonie, Lituanie ou France : d'autres pays sont touchés. C'est connu dans le milieu : si tu veux être tranquille, place des joueurs en Belgique", a poursuivi le journaliste.
Le blanchiment d'argent est aussi au cœur du problème. " Il y a beaucoup de transactions entre Mouscron et l'Apollon Limassol. Sachez que certains joueurs n'ont évolué ni dans un club ni dans l'autre... Sur les contrats à Limassol, les signatures des joueurs ne sont pas les bonnes. Certains n'ont même jamais mis les pieds à Chypre, mais une partie de leurs droits appartient au club. Le football est pris en otage par des gens qui jouent à la bourse avec des êtres humains. Moralement, c'est assez condamnable. Ce système prend de plus en plus d'ampleur. Il y a de plus en plus d'agents qui contrôlent des clubs de cette manière. Autre exemple : le vice-champion de Lettonie est contrôlé par un agent qui s'occupait avant d'Andriy Shevchenko. Pini Zahavi, c'est l'homme le plus puissant et le diplomate du football mondial. Le jour où il ne sera plus là, je pense que ce sera un pugilat car il arrive à maintenir un certain équilibre. C'est lui qui a créé le système actuel. Il est inimaginable, c'est quelqu'un qui a eu, par exemple, une véritable importance diplomatique et politique dans la guerre froide. Quand il ne sera plus là, ça va être la guerre car tout le monde voudra prendre sa place", conclut-il.