Il fumait comme un turc, plaisantait et grondait mais parlait peu. Son credo à lui, c'était le travail. Ernst Happel, un des meilleurs entraîneurs de l'histoire du football, est décédé il y a 25 ans. Il n'avait que 67 ans.
Son palmarès comporte 9 titres de champion et sept victoires de coupe dans quatre pays, un titre de vice-champion du monde avec les Pays-Bas (1978) et deux Coupes d'Europe (Feyenoord en 1970 et Hambourg en 1983).
Il a entraîné ADO La Haye, Feyenoord, le FC Séville, le Club Brugeois, l'équipe nationale des Pays-Bas, le Standard de Liège, Hambourg, Wacker Innsbruck et l'équipe nationale autrichienne.
"Je pense que je ne connaitrai plus jamais un entraîneur comme lui", a récemment déclaré Uli Stein, ancien gardien de Hambourg et de l'équipe national allemande.
A défaut d'avoir inventé le piège du hors-jeu, Happel l'a perfectionné. Mais c'était, avant tout, un entraîneur offensif. "Je préfère gagner 5-4 que 1-0", disait cet ancien défenseur central du Rapid Vienne. Pour lui, le football, c'était de l'improvisation, de l'instinct et de la fantaisie. "Pour être joueur de foot, il faut du talent", disait-il. "C'est quelque chose qui ne s'apprend pas. Je pense que l'entraîneur Happel n'aurait pas aimé le joueur Happel." Il a pourtant été international autrichien à 51 reprises.
Avant les matches, ses théories étaient de courte durée. Il avait souvent l'air bourru, renfrogné. "Je pense que je suis autoritaire", disait-il. "Le plus important, c'est que les joueurs sachent qui est le boss."
Mais ceux qui l'ont bien connu, comme Michel D'Hooghe, ex-président du FC Bruges, le décrivent comme un homme au grand coeur. "Quand il venait manger à la maison, il apportait toujours un bouquet de fleurs pour ma femme."
Même un joueur comme Franz Beckenbauer ne cachait pas son admiration pour lui. "Tout ce que dit Happel est parole d'évangile pour moi", disait-il. "C'est l'un des plus grands experts du football de tous les temps."
Mais Happel avait aussi ses vices: la cigarette, les cartes, le casino, le vin.
Ce mardi, avant le match contre l'Uruguay, la fédération autrichienne lui rendra hommage à Vienne, dans le stade qui porte son nom.