Le 12 novembre 2022, pour rappel, alors que Charleroi mène 1-0 (un but d'Ahmed Benbouali à la 51e minute) contre le Kavé Malines, l'arbitre Jan Botterberg est contraint d'arrêter pour la troisième fois et donc définitivement la partie à cause des jets de fumigènes lancés des tribunes par les supporters des Zèbres.
Ceux-ci se moquent apparemment éperdument que la probable victoire de leur équipe se transforme en défaite sur un score de forfait, 0-5, comme cela avait été le cas à Union - Beerschot la saison passée, et plus récemment à Standard - Anderlecht, pour des faits similaires.
Mais coup de théâtre... 127 jours plus tard, le 15 mars (voir Footnews: https://tinyurl.com/7wnruscd), le Conseil disciplinaire de la Royale fédération belge de football (RBFA) suit le raisonnement de l'avocat du Sporting Louis Derwa qui en séance, le 16 décembre (sic !), avait plaidé le vice de procédure.
L'arbitre n'aurait en effet pas respecté la procédure prévue en pareil cas. Il reconnaît d'ailleurs avoir pris sa décision sans consultation préalable du délégué au match et du commissaire de police, comme le stipule le règlement (article B6.55 ).
Verdict du Conseil disciplinaire: la rencontre doit être rejouée à huis clos. Stupeur à Malines et au parquet qui décident d'aller en appel devant la Cour Belge d'Arbitrage pour le Sport (CBAS).
Stupeur également mais surtout inquiétude, à Anderlecht, au Cercle de Bruges, et à Oud-Heverlee Louvain, en lutte avec notamment Charleroi pour la huitième place synonyme de Play-offs Europa, alors que le Sporting va cette fois retrouver un Kavé pas forcément aussi motivé qu'en finale de la Coupe contre l'Antwerp le 30 avril. Ils seront d'ailleurs également représentés à la séance du CBAS.
"Visiblement Charleroi fait peur", ironise à ce sujet Felice Mazzù, qui se voit déjà prendre une éclatante revanche sur Anderlecht grâce à un vice de procédure certes providentiel, mais bien réel.
La CBAS examinera l'affaire ce vendredi 7 avril, et devra rapidement trancher en faveur du forfait ou du replay intégral ou partiel.
Invité de La Tribune lundi soir dans un studio de la RTBF, l'administrateur délégué et principal actionnaire du Sporting de Charleroi Mehdi Bayat a plaidé pour rejouer "tout le match", une preuve de "fair play", selon lui, alors qu'il se dit dans le même temps accusé "de ne pas jouer le jeu et à la limite de voler les points de ce match !"
Il ne s'est évidemment pas référé à Union - Beerschot et Standard - Anderlecht, où il n'y avait il est vrai pas eu de vice de forme.
LE PRÉCÉDENT SAINT-TROND - GENK !
Il a en revanche évoqué un autre précédent, datant du 28 septembre 2019: Saint-Trond - Genk.
"Le match avait également été arrêté à cause de jets de fumigènes. "Dans les deux camps", glisse discrètement Benjamin Deceuninck. Une nuance qui a pourtant sans doute son importance.
"Mais comme le 12 novembre à Charleroi, l'arbitre (Lawrence Visser, ndlr) avait oublié de consulter le responsable sécurité et le commissaire de police. Saint-Trond, déclaré battu sur un score de forfait, a alors porté l'affaire devant la commission des litiges de la fédération qui a reconnu la transgression du règlement et validé le résultat à la 87e minute, 1-1 ("3-3", le corrige Philippe Albert).
"Un point à donc été attribué aux deux équipes, et personne, ni du côté de la fédération, ni aucun club, pas même Genk, n'a interjeté appel", poursuit Bayat. "Donc dans notre cas le minimum serait de respecter la décision du Conseil disciplinaire et de rejouer le match. Ce qui nous paraît en tout cas la solution la plus juste et la plus conforme à l'esprit sportif, sachant qu'il n'était encore jamais arrivé d'arrêter une rencontre à cause des supporters de l'équipe qui gagnait...", conclut Bayat.
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Bayat fâché : "Comme si Charleroi essayait de voler des points" (https://www.footnews.be/news/364959/bayat-f%C3che-comme-si-charleroi-essayait-de-voler-des-points).