Les clubs belges professionnels sont inquiets à l’idée de reverser les avantages fiscaux dont ils ont bénéficié depuis 2008.
Dimitri Thijskens, un étudiant de l’Université catholique de Louvain (KUL), a chiffré à plus de 400 millions d’euros dans sa thèse de doctorat, publiée ce mercredi par le quotidien Het Nieuwsblad, les avantages fiscaux dont les vingt-quatre clubs professionnels de football belges (mais aussi les clubs de basket et de volley) ont bénéficié depuis 2008 en étant exonérés de 80% du précompte professionnel retenu par les entreprises. Ce qui leur a permis d’offrir des conditions salariales élevées à leurs joueurs. Mais surtout, et cela inquiète sensiblement la Pro League, la thèse révèle que le gouvernement n’a pas avisé la Commission Européenne de ce soutien fiscal qui pourrait dès lors être jugé illégal par cette dernière.
En clair les clubs pourraient être priés de rembourser cette somme de 400 millions d’euros. Une véritable catastrophe, du moins selon le CEO de la Pro League Pierre François.
«Il n’y a pas de secret, a-t-il en effet réagi ce mercredi. Les progrès du football belge ces dernières années résultent pour une bonne part de cette exonération. Un retour en arrière nous ramènerait illico à la case départ…»
«La Belgique se situe actuellement au 8e rang à l’indice UEFA, avec tous les avantages que cela comporte, rappelle Pierre François. Mais elle ne s’y maintiendra pas longtemps si on oblige les clubs à rembourser. Les conséquences au plan sportif seraient dramatiques. On redescendrait au moins aussi vite qu’on avait grimpé. La suppression de cette politique fiscale en notre faveur serait également très dommageable. Le football doit avoir une place à part dans le monde de l’entreprise, ne fusse qu’en raison du rôle social qu’il remplit dans la société. Ce que le gouvernement avait précisément très bien compris en nous accordant ces faveurs légales dans le cadre d’une loi qui a porté ses fruits…»
L’objectif de cette loi était notamment de permettre à davantage de joueurs belges d’évoluer dans notre championnat. En permettant d’une part aux clubs de leur offrir des conditions salariales égales à celles des joueurs étrangers, et d’autre part, de réinvestir (obligatoirement) une partie des sommes ainsi économisées dans la formation des jeunes. «Ce qui fait l’objet d’un contrôle strict lors de l’octroi des licences», assure le manager des licences Nils Van Branteghem.
«L’argent qui n’a pas dû être versé au fisc doit être consacré aux jeunes et au travail associatif (communitywerking) des clubs», conclut Pierre François.